Pendant que les européens interdisent le voile, les marocains font des campagnes pour couvrir les femmes

unsplash-logoMajid Korang beheshti

La controversée loi danoise interdisant le port du burka et le niqab vient de commencer à être appliquée depuis le mois d’août. Quelques organisations, surtout musulmanes, ont décidé d’organiser des protestes auxquelles « quelques centaines » de personnes ont pris part, surtout des femmes musulmanes et des femmes non musulmanes.

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L’interdiction au Danemark n’affecte que quelque 150 à 200 femmes qui portent le burka ou le niqab, dans un pays de 5,7 millions d’habitants. Quelques organisations, surtout des féministes et Amnesty International, ont critiqué l’interdiction parce que selon eux elle va à l’encontre de la liberté religieuse et la liberté des femmes de s’habiller comme elles le désirent. Pendant ce temps-là, le Gouvernement danois justifie cette loi en expliquant que se couvrir la face est incompatible avec les valeurs de la société danoise.

Ces évènements nous ont rappelé la campagne qui s’est déroulée au mois de Juillet au Maroc, où, sur les réseaux sociaux, des groupes d’intégristes avaient créé l’hashtag #kounrajoulan, qui veut dire « Sois un homme » [et couvre ta femme]. Tandis que les médias à travers l’Europe étaient occupés à attaquer la législation danoise, il semblerait que très peu de journaux ont couvert les évènements qui se déroulaient au Maroc. Il n’y a eu qu’un grand journal (ElPaís) qui a publié un article sur le sujet, mais hélas avec un… point de vue [progressiste] assez curieux, expliquant comment quelques féministes ont répondu à ladite campagne.

Mais à part eux ? Aucune organisation des droits sociaux, aucun groupe de féministes européen, n’a riposté. De même, il n’y a eu aucune critique contre le Maroc, l’Islam ou la campagne en soi-même. Comment se fait-il qu’une campagne sexiste et misogyne qui affecte des milliers de femmes telle que #kounrajoulan passe presque inaperçue, tandis qu’une interdiction de petite envergure qui n’affecte pas grand monde peut-elle recevoir une réponse aussi vive des quatre coins de l’Europe ? Ceci est une excellente question. Elle montre comment les priorités des européens et des organisations des droits européennes ont un objectif erroné et aussi que la tolérance parmi les européens a atteint des nouveaux sommets de stupidité. Pendant ce temps, des nations qui se trouvent près des frontières de l’« Occident » vivent encore, du point de vue des libertés et des droits civils, dans ce que l’on pourrait qualifier de Moyen-Âge.

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