Au Royaume-Uni, un débat sur le nom correct d’un bonhomme de neige fait du bruit, mais en France, c’est une toute autre affaire qui maintient les députés occupés.
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La BBC a récemment fait scandale en utilisant le terme « snowpeople » (gens de neige) au lieu de l’appellation courante « snowmen » (bonhommes de neige) dans un de leurs shows, le terme « snowmen » étant qualifié de ne pas être assez inclusif. Mais en France, le débat qui fait scandale régulièrement est l’appellation d’une viennoiserie bien connue et appréciée par les Français : les pains au chocolat… ou chocolatines. Et c’est bien là tout le problème.
L’appellation « pain au chocolat » est utilisée dans la plupart de la France, tandis que le terme « chocolatine » est utilisé plutôt au Sud et Sud-Est du pays. Cette différence d’appellation a déjà créé plusieurs scandales publics et confronte régulièrement les partisans de chaque appellation dans ce qui souvent s’apparente à une véritable bagarre avec des insultes échangées de part et d’autre. D’autres tensions sont aussi liées aux « pains au chocolat », comme lorsque Jean-François Copé avait dit qu’ils coûtent 15 centimes et le YouTubeur Maouno mentionnait que le prix est de 3€.
Une telle différence d’appellation peut ainsi devenir une question existentielle qui risque d’avoir un lourd impact sur notre société. Le bilan ? L’industrie boulangère fait les frais de la double appellation, certaines estimations calculant que 20 milliards d’euros sont perdus chaque année.
En effet, lorsqu’un Français visite le Sud du pays et demande dans une boulangerie des « pains au chocolat » à 3€, ou bien les employés ne savent pas de quoi il s’agit, ou bien refusent de vendre ledit produit dû à la « mauvaise » appellation. C’est alors qu’une certaine forme de boycott apparaît. Le consommateur devra donc repartir avec une baguette parisienne, coûtant aux alentours de 1€/pièce, ce qui veut dire que l’économie vient de perdre 2€ du fait de l’appellation. Même chose lorsque les touristes viennent en France et demandent des « pains au chocolat », ignorant que dans le Sud l’appellation « chocolatine » est plus commune. Et vice-versa, lorsque des Français du Sud vont au Nord de la France, ils utiliseront le terme « chocolatine », que les boulangeries ne comprennent pas. Ces 2€ perdus à chaque fois, multiplié par des milliers de cas similaires chaque jour tout au long de l’année, montre bien que l’industrie perd des milliards chaque année. C’est pourquoi ce sujet devient encore plus important que l’évasion fiscale.
D’un autre côté, les emplois sont aussi concernés par cette perte. Des milliers d’unités vendues en moins veut dire moins de matière première vendue, forçant les producteurs à réduire leur production ou exporter leurs ingrédients qui deviennent alors coûteux. Cela provoque des licenciements du côté des boulangeries. Dans notre époque troublée, où près d’un Français sur dix n’a pas de travail et des milliers d’autres touchent le salaire minimum, ces milliards d’euros perdus pourraient être les bienvenus.
Il faut impérativement que les députés et les politiciens se penchent sur cette question, l’évasion fiscale n’étant pas si problématique en fin de compte. Après tout, personne n’est mort à cause de l’évasion fiscale, tandis que par rapport aux viennoiseries des gens sont morts. Rappelons-nous de Marie-Antoinette avec la triste affaire des croissants (d’accord, en théorie c’était de la brioche, mais passons).